121 km / 6h21 / 3485m D+ / 4 difficultés dont 3 répertoriées (L'Alpe d'Huez, le Col de Sarenne et le Col d'Ornon)
Première journée, dernière semaine ! Ce dernier lundi devait être très pluvieux selon les prévisions météorologiques ... J'ai donc été agréablement surpris d'apercevoir encore un beau coin de ciel bleu au réveil. Souhaitant profiter au maximum du temps sec, je m'élance de bonne heure en direction des mythiques 21 lacets de l'Alpe d'Huez (14 km à 8,5%) ! 1200 mètres, pas un de plus, voilà la distance qui sépare mon hébergement du pied de l'ascension. C'est donc à froid et dans le froid que j'attaque cette fameuse montée incontournable de l'Alpe d'Huez, à la renommée internationale. La "Montagne des Hollandais" de son surnom est une ascension particulière : 21 lacets numérotés par ordre décroissant formant des replats au milieu de rudes portions de route inclinées de 8 à 11%. La montée se passe plutôt bien jusqu'au village d'Huez, à 5 km de la station, où les premières rafales de vent me surprennent, plus par le grand froid qu'elles répendent que par leur violence. Je n'ai d'autres choix que de m'arrêter pour me couvrir ! Je vais chercher le sommet de la station de l'Alpe d'Huez au bout des derniers lacets, sous une température très froide et douloureuse, le ciel commence à sérieusement se dégrader au point de me poser la question de poursuivre jusqu'au col de Sarenne (8,5 km à 2,5%) qui me tracasse particulièrement. Mon inquiétude n'est pas liée à la difficulté de celui-ci mais à sa situation géographique ... En effet, il s'agit d'un prolongement de la route menant à l'Alpe d'Huez qui s'enfonce au bout du monde de manière presque inquiétante dans ces conditions météorologiques ! Je me décide finalement de m'y aventurer. A la sortie de la station iséroise, je trouve d'abord une longue portion en légère descente, seuls les 3 derniers kilomètres avant le sommet du col sont réellement difficiles (8/9%). L'enfer et le paradis semblait cohabiter en ce lieu stupéfiant ! L'enfer d'abord pour son côté sauvage et désert qui aurait pu me combler sous un soleil radieux mais paraît sinistre sous ce ciel sombre. J'ai prié pour qu'il ne m'arrive rien ! Pas de signe de vie, juste le silence et le vent glacial qui souffle et amène les nuages chargés d'eau. Beaucoup de fatigue après toute l'énergie utilisée dans mon combat contre l'ascension aux 21 lacets. Et me voilà finalement au sommet, à 1999m exactement. Être là, à ce moment-là et voir ce que j'ai vu. Les derniers rayons de soleil illuminent les sommets enneigés qui m'entourent, la route pastorale redescend vers la vallée de l'Oisans dont on n'aperçoit pas le bout, un épais brouillard remonte à une vitesse surprenante le long de la paroi rocheuse formant une cascade de brume sous laquelle je me glisse pour redescendre en altitude ... Tout ça est véritablement subjuguant ! Les merveilles avant la tempête. La route pastorale est dans un état déplorable, le froid est polaire et je me dois d'interrompre ma descente à deux reprises ne sentant plus mes mains frigorifiées capable de freiner ma monture. Je retrouve petit à petit des routes plus importantes et je rejoins Mizoën au niveau du Lac de Chambon. Je poursuis sur une route spectaculaire, le long de la falaise, perchée au dessus de la Romanche à travers plusieurs tunnels plus ou moins obscurs. Retour sur Le Bourg d'Oisans au terme de cette boucle de 50 km riches en émotions au cours de laquelle je n'aurais pas pris une goutte de pluie ! Je me permet une petite halte au supermarché avant de repartir vers le Col d'Ornon (11,1 km à 5,8%). Au pied du col, la pluie débarque et ne me quittera plus jusqu'à mon arrivée à Mens ! Cela dit, elle n'est pas très dérangeante pendant l'ascension du col, très roulant à côté de l'Alpe d'Huez et sur lequel je retrouve des bonnes jambes ! La descente vers La Mure fût une autre histoire ... Intégralement couvert, je ne parviens tout de même pas à lutter contre le froid que la pluie intensifie encore. Les mains congelées, les pieds congelés, je ressens même des vagues de frissons qu font trembler le guidon au cours de la descente. Et du vent, toujours plus fort. L'étape tourne au calvaire. Physiquement, il est difficile de réagir, mon corps n'ayant pas les moyens de dépasser le froid. Dans ces conditions, même le mental et les nerfs lâchent. Après tant de douleurs et de sacrifices au quotidien pour dépasser les difficultés, le fait de se retrouver impuissant et désarmé face aux forces de la nature est difficile à accepter ! Le plaisir et le goût de l'effort disparaissent de manière évidente, le reste de l'étape est un véritable chemin de croix, cela ressemble à de la survie, les jambes pédalent de manière machinale, plus rien ne se passe dans ma tête. Après m'être trompé de route par deux fois, je me retrouve dans le centre de La Mûre, ce qui n'était pas prévu. Je me dirige vers Mens par Saint-Jean d'Hérans à nouveau sur une route plutôt sympa au dessus du Drac, dont je n'ai malheureusement pas pu admirer la beauté. Je franchis le petit col Accarias juste avant de basculer vers Mens où j'ai été accueilli chez Gérard et sa compagne, cyclistes également. Je suis arrivé dans un état déplorable, très fatigué, frigorifié au point de ne pas être capable d'enlever mon casque seul ! Un grand merci pour votre accueil, votre gentillesse et la découverte des bouffettes, petite gourmandise locale ! Pour conclure, ce fût une étape diabolique, loin d'être agréable, mais une étape de plus vers mon arrivée à Saint-Jean dimanche ! Et comme je l'ai déjà dit précédemment, ces journées font aussi parties de l'aventure et doivent être dépassées pour réussir ! Alors ce soir, je retrouve le sourire et le soleil devrait faire son retour demain pour m'accompagner vers Izeron.